Le mercato 22/23 donnera quelques sueurs froides à Longoria et toute l’équipe dirigeante. Pourtant le plan était clair, renforcer l’équipe actuelle et remplacer les quelques départs. Seulement voilà, Sampaoli claque la porte début juillet (timing parfait de la part de Jorge, juste après la reprise, c’est cadeau), n’ayant pas obtenu les joueurs qu’il souhaitait, et les départs seront plus nombreux que prévus.
22/23, le changement imposé
Les départs prévus ou voulus
Exit Milik prêté avec OA à la Juventus, insatisfait de son temps de jeu la saison précédente et déjà la tête à la Vieille Dame. Mandanda à 36 ans, refusant de faire une année de plus comme doublure sera libéré pour services rendus en attendant sa reconversion au club. Gueye sera prêté pour s’aguerrir du côté de Séville, Caleta Car en fin de cycle à l’OM sera vendu en Premier League et Bakambu arrivé gratuitement, sera libéré pour signer à l’Olympiakos. Dieng sera également prêté avec OA obligatoire de 10M€ à Lorient, mais en janvier.
Les départs non souhaités
Gerson sera de cela, malgré sa très bonne saison il sera revendu à Flamenco pour incompatibilité avec Tudor, quasiment au même prix qu’il fut acheté. Kamara en fin de contrat, recevra une offre de prolongation conséquente mais la refusera et partira libre. Leur départ n’était pas prévu, Gerson s’était imposé comme titulaire et pour Kamara, Longoria espérait pouvoir le prolonger pour le vendre. Raté, le marseillais partira libre ne laissant aucune indemnité à son club formateur. Luan Peres lui non plus pas forcément sur la liste des départs, sera finalement vendu, sacrifié sur l’autel des ventes réclamées par Franck Mc Court. Pour terminer, à la fin de son prêt et après sa saison de haut vol, Saliba ne pourra être conservé malgré une importante offre de Longoria. Prêté sans option d’achat par Arsenal, les anglais refuseront de vendre leur défenseur.
Un 11 à reconstruire
Voilà le onze de l’OM délesté de six titulaires, de deux joueurs de rotations et de son coach. Le recrutement de quasiment tout un effectif est devenu obligatoire. Longoria et son équipe vont donc une nouvelle fois, devoir reconstruire une équipe compétitive, et qui plus est en juillet. Avec guère plus de moyens, et ils vont réussir à en surprendre plus d’un.
Tout d’abord avec le recrutement de Tudor, jeune coach méconnu en France, à fort tempérament et prônant un jeu ultra offensif collant parfaitement à la devise et l’adn de l’OM. Pour quelques petits matchs amicaux perdus, il sera copieusement et bêtement sifflé par une partie des virages lors de sa présentation d’avant match de la 1ère journée, qu’il gagnera brillamment 4-1. Ces quelques supporters retourneront leur veste rapidement et l’acclameront après quelques rencontres.
La direction étonnera en suite par le recrutement gratuit de Mbemba et celui de Gigot pour 500K€. Jolis coups. Voilà Luan Peres et le regretté Saliba remplacés par une paire de centraux équivalente ou presque. Suivront les recrutements de Clauss, international français, venu prendre le rôle de piston droit, Veretout remplace Kamara, quand Luis Suarez et Touré viennent étoffer l’attaque et la défense. Blanco, lui, viendra faire la doublure de Pau Lopez.
Mais le plus beau coup de Longoria sur ce mercato restera la venue de l’international chilien Alexis Sanchez. Et gratuitement s’il vous plaît. Libéré par l’Inter, fallait encore convaincre le joueur de venir, et ne serait-ce qu’oser tenter le coup. L’effectif sera ensuite complété encore par quelques prêts de joueurs à forts potentiels, comme Tavares prêté par Arsenal, venu prendre le rôle du piston gauche. Issa Kaboré prêté par City pour jouer la doublure de Clauss, et Bailly prêté par Manchester, défenseur international à relancer. En janvier Ounahi, et Malinovskyi arriveront en prêt avec OA obligatoire. Au même moment Vitinha, le jeune attaquant espoir portugais sera acheté 32M€ à Braga.
En parallèle, Longoria lèvera les options d’achat de Guendouzi, Lopez et Under. Faute de moyen, il ne pourra que renouveler le prêt d’Amine Harit une saison de plus, mais cette fois avec une option d’achat obligatoire. Avec ces acquisitions, la stratégie de construction d’effectif basée sur les prêts de certains joueurs, tant décriée par certains supporters, est bel et bien en route. Et ce en dépit des nombreux mouvements encore réalisés cette saison là.
Des cadres et des flops
Le mercato est en soit réussi, grâce aux bonnes performances de 5 recrues devenues titulaires, Sanchez et sa saison XXL, Mbemba, Gigot, Clauss et Veretout. Voir 6 si on compte Tavares et ses 6 premiers mois de bonne facture. Mais cette année-là les recrues deviennent soit des cadres, soit des flops. Les flops auront leur importance car ils empêcheront l’équipe d’avoir la profondeur de banc qu’elle aurait dû avoir et dont elle avait besoin pour aller au bout de ses objectifs.
En effet les prêts ne seront pas aussi réussis que la saison précédente. Bailly sera souvent blessé. Tavares surperformera en première partie de saison, avant de montrer ses défaillances en seconde. Issa Kaboré ne convaincra pas sur le couloir droit, et en janvier les prêts d’Ounahi et Malinovskyi ne rencontreront pas plus de réussite, le marocain se blessant pour plusieurs mois et l’ukrainien n’arrivera jamais à s’exprimer dans ce collectif.
Vitinha lui, ne parviendra pas à démontrer ces qualités et le géant Touré n’arrivera pas à se faire une place en défense. Luiz Suarez sera le plus gros flop, au point d’être carrément prêté avec OA en janvier.
Ajouté à cela, des cadres de la saison précédente ont perdu de l’importance comme Payet, jugé par Tudor inadapté à l’intensité demandée par son jeu. Mais aussi et surtout Guendouzi replacé milieu offensif sans en avoir les qualités, car barré par la paire Rongier / Veretout préférée au milieu. Il perdra tout ce qui faisait de lui un titulaire indiscutable sous Sampaoli, et perdra progressivement sa place dans le 11. Under à eu besoin de 6 mois pour accepter / s’acclimater au nouveau système, et à fini par s’imposer lors de la seconde partie de saison. Enfin pour ne rien faciliter Harit se rompt les ligaments croisés en décembre, qui privera l’OM de son créateur jusqu’à la fin saison. Un coup dur.
Faute de méformes, de blessures et d’adaptations difficiles, l’OM n’aura jamais pu exploiter pleinement la totalité son effectif (seulement 14 joueurs sur 20 ont participé à plus de 30% du temps de jeu toutes compétition confondues). Malgré cela l’équipe déploie un jeu séduisant, direct, offensif, et réussira à finir à la troisième place après s’être battu presque toute la saison pour la seconde.
Une progression bien là, mais ralentie
Longoria et Ribalta ont su construire dans un laps de temps très court, et avec un budget limité un effectif capable de finir 3ème tout en ayant lutté toute la saison pour la seconde place. En Champion’s League, une progression est notable. L’OM aura montré un visage conquérant contre Tottenham en faisant jeu égal, et battra aisément le Sporting à l’aller comme au retour. En revanche, il montrera beaucoup de fébrilité lors des deux confrontations contre Francfort, qui lui couteront l’accès aux 8ème. Néanmoins, pour toutes les raisons évoquées, malgré le bilan positif et le podium, cette saison-là laissera un goût d’inachevé. La deuxième place manquée, l’élimination en Ligue des Champions et en coupe de France laissent des regrets. Ceci fait, s’ils ont réussi à avoir des résultats et que l’OM aura progressé malgré une reconstruction de l’effectif, on est en droit de se demander ce qu’il en sera lorsqu’ils pourront conserver leur ossature. Cela fait maintenant deux saisons que les équipe de Longoria jouent bien et cela laisse entrevoir de belles perspectives.
* Pour que la valorisation soit plus significative, elle comprend uniquement les 11 titulaires et les joueurs de rotations
23/24, changement imposé, épisode II ?
L’OM vient de finir 3ème de ligue 1, est qualifié pour le tour préliminaire de la Champions League, la saison se termine avec quelques déceptions mais ce fut globalement une belle saison. La construction de la saison 2023/24 s’appuierait sur celle-ci pour faire encore mieux, et améliorer cette équipe maintenant bien imprégnée du style Tudor, qui colle si bien à la devise du club. Sauf que non. Nous sommes fin juin 2023, et le croate annonce son départ refusant d’effectuer sa seconde année de contrat.
Les raisons du départs font débats et certains le regrettent quand d’autres s’en réjouissent. Peu importe, la direction doit trouver un nouvel entraineur si possible avec la même philosophie et la tâche s’annonce périlleuse. D’autant plus que l’effectif à besoin de retouches et de combler certains départs, le tout sans garanti de participer à la Ligue des Champions. Alors, la direction va encore remanier l’effectif. Pourquoi ? et avait-elle le choix ?
Sanchez est en fin de contrat et doit répondre à la prolongation que lui propose Longoria. Kolasinac flirte avec l’Atalanta de Bergame, Guendouzi a des envies d’ailleurs, et des ventes doivent être réaliser pour réduire le déficit – nous sommes toujours dans la première étape du plan.
Pour les ventes, quels sont les joueurs possédant une valeurs marchande ? Guendouzi, bien que sa côte soit loin des 30M€ de l’époque Sampaoli, elle reste assez haute, et en plus il a des envies d’ailleurs. Under, un ailier technique et percutant à 26 ans ça a toujours une côte sur le marché. Puis Malinovskyi qui n’a pas montré grand chose, conserve aussi une bonne côte en Italie.
Le reste, dans un soucis de ne pas démanteler son effectif, la direction n’envisage pas de s’en séparer mais reste néanmoins ouverte aux potentielles offres sérieuses. Les départs de Clauss, Mbemba, Veretout ou Rongier pourront être envisagés qu’en cas d’offres proportionnelles au niveau et à l’importance des joueurs dans l’équipe.
Etat des lieux post Tudor
Payet et ses 37 ans sont priés de faire leurs valises et de ne pas revenir avant leur reconversion au club, Sanchez que tout le monde voyait prolonger, ghoste la direction (et leur offre à 700K€ mensuels au passage) pendant 1 mois et demi pour finalement retourner avec son ex. Kolasinac arrivé en fin de contrat part vivre son idylle avec l’Atalanta de Bergame sans rien demander à personne, pendant que le nom de Guendouzi se balade un peu partout en Italie avec de plus en plus d’insistance.
Bailly, Tavares et Kaboré sont renvoyés aux envoyeurs : United, Arsenal et City. Merci quand même. Malinovskyi est placé dans un avion direction le Genoa. Merci à eux aussi. Guendouzi cède finalement aux sirènes de la Lazio. Pour finir, le cas Under sera étudié et sa situation contractuelle (26 ans, contrat jusqu’en 2025 à 3M€/an) sera mise en perspective avec sa marge de progression (réduite), sa côte (encore assez bonne), et le besoin de revente (important). Cette réflexion mènera à la décision de le céder à Fenerbahçe pour 8M€. Prix relativement peu élevé pour une ailier international de 26 ans, pas manchot, mais peut s’expliquer par les deux années de contrat seulement qui lui restaient, et que la probabilité de le voir partir libre la saison suivante ne soit pas envisageable pour Longoria.
Pendant ce temps la défense a traversé la tempête presque indemne, il manque qu’un arrière gauche et une ou deux doublures. Le milieu a perdu Guendouzi mais reste debout avec Rongier, Veretout, Ounahi et le retour de prêt de Gueye. L’attaque en revanche, déjà pas très fournie de base, sans Sanchez et Under est complètement dépourvue d’attaquants. On compte le retour d’Harit mais dans quel forme suite à ses croisés ? Vitinha n’a pas encore montré ce qu’il sait faire, le jeune Mughe sors du centre, et c’est à peu près tout. Il va donc falloir 1 ou 2 joueurs en défense, remplacer Guendouzi au milieu, et construire une attaque entière, donc 3, voir 4 titulaires en puissance.
Renouvellement d’effectif ? Vraiment ?
Ce mercato est qualifié de renouvellement d’effectif, mais est-ce vraiment le cas ? Concrètement, dans le 11, en renouvellement pur et dur, il faut remplacer seulement 4 joueurs : Tavares, Guendouzi, Under et Sanchez. Pas des moindres certes, mais remplacer 4 joueurs lors d’un mercato est fréquent pour n’importe quel club et ne justifie pas de le qualifier de renouvellement d’effectif.
En revanche, au total 8 arrivées seront réalisées. Donc, 4 recrues pour remplacer le départ des titulaires, qui seront Kondogbia pour Guendouzi, Lodi pour Tavares, Sarr pour Under et Aubameyang pour Sanchez. Par la suite, il aura fallu renouveler les prêts infructueux de remplaçants ou des joueurs de rotations. En ce sens Touré, Kaboré et Malinovskyi seront remplacés respectivement par Meïte, Murillo et Ndiaye. Enfin il sera nécessaire de compenser le départ de Payet, au moins numériquement, et ce sera l’international argentin Correa qui sera choisi. Seuls Kolasinac et Bailly ne seront pas réellement remplacés. Même si le jeune défenseur du centre de formation, Soglo, intégrera le groupe pro. Revenant à une défense à 4, l’équipe n’a plus besoin de 6 centraux.
Peut-on alors qualifier de renouvellement d’effectif, lorsque vous changez 4 titulaires, remplacez 4 joueurs de rotations qui n’apportaient rien ou presque, et qu’il vous reste une ossature de 10 joueurs de la saisons précédente, dont 8 ayant participé à plus de 70% du temps de jeu ?
Au vu des départs et des arrivées enregistrées, ne pourrait-on pas parlé plutôt de renforcement d’effectif ? Si on y regarde de plus près, les arrivées ne seraient-elles pas majoritairement supérieures aux départs, en tout cas sur le papier ?
Le premier transfert est celui de Kondogbia qui débarque en remplacement de Guendouzi pour 8M€. Sur le papier l’OM gagne au change. Quand Guendouzi, à 24 ans, cherche encore à faire exploser son plafond de verre, Kondogbia fut titulaire à Séville, Monaco, Inter, Valence et l’Atletico. À 30 ans il est un milieu de terrain international confirmé et expérimenté.
Sarr vient parer la vente d’Under contre 13M€, sur le papier, encore, il y a au minimum pas de perte au change, les deux sont des ailiers de niveau comparable. Iliman Ndiaye, issu de L2 anglaise mais talentueux, vient remplacer Malinovskyi pour 17M€. Là aussi, au vu de ce qu’à montrer l’Ukrainien, l’échange semble être en faveur de la nouvelle recrue. Lodi vient lui aussi tout droit de l’Atletico pour combler le couloir gauche abandonné par Tavares et Kolasinac, contre 13M€. Encore une fois, sur le papier l’international brésilien semble aisément supérieur à ses deux prédécesseurs. Il va sans dire qu’aucun du portugais ou du serbe ne serait titulaire en équipe du Brésil. En pointe Aubameyang vient prendre la place délaissée par Sanchez. Sur ce coup en revanche, il semble y avoir avantage Sanchez. La saison nous le dira. Mais toujours est-il qu’Aubam vient en échange de rien, puisque libéré par Chelsea, et reste un attaquant international de haut niveau. Bien vu Pablo ? À voir.
Reste à savoir si les doublures défensives Meïte et Murillo, seront plus efficaces et plus utilisées que Bailly, Touré et Kaboré. Pour finir il est difficile de savoir si Correa apportera plus/autant que Dimitri, tant ce dernier fut un joueur à part, de par son talent et sa personnalité, comme par son histoire avec l’OM.
Un effectif plus complet
En conclusion, cinq ou six joueurs prétendus titulaires arrivent et changent en effet le visage de l’équipe, bien que 10 joueurs importants de la saison dernière sont toujours là. Et au-delà de ça, il peut même y avoir selon le 11, jusqu’à 8 joueurs de la saison dernière alignés.
Alors renouvellement ou renforcement ? Ce qui est certain, c’est que Longoria a réussi à dénicher des internationaux d’expérience (Kondogbia, Aubam, Lodi), et des joueurs prometteurs (Ndiaye, Sarr), qui devraient apporter d’avantage de qualité et d’expérience à l’équipe. Cet effectif 23/24 concocté par Longoria lui-même, semble plus compétitif et plus complet que son prédécesseur.
Quoi qu’il en soit, et s’il n’y a pas de garantie de réussite, réadapter un effectif suite au départ inattendu du coach, et qui plus est, potentiellement plus compétitif que le précédent, n’est pas chose aisée. Ce n’est pas des exemples d’effectifs construits en dépit du bon sens par des anciennes directions de l’OM, qui manquent pour le démontrer. Reste à faire jouer tout ce joli monde ensemble.

* Pour que la valorisation soit plus significative, elle comprend uniquement les 11 titulaires et les joueurs de rotations
Lire aussi :
Pourquoi l’OM de Longoria change-t-il autant chaque saison ? (Partie 1)
Pourquoi l’OM de Longoria change-t-il autant chaque saison ? (Partie 3)













