Après avoir esquissé un début d’explications de ces renouvellements / renforcements / adaptations perpétuels d’effectif, nous allons maintenant essayer de comprendre les objectifs du club et les contraintes qui y sont liées.
Objectif top 20 européen
Septembre 2020, Pablo Longoria, fixe un objectif qui est de « faire grandir le club et le stabiliser dans le top 20 européen ». Comment ? « En créant un équilibre entre les joueurs d’expérience qui peuvent jouer avec de la pression et des jeunes joueurs qui vont prendre de la valeur grâce à la performance sportive ». Dixit Pablo Longoria lui-même.
Si L’OM est aujourd’hui plutôt dans le top 50 européen, il est vrai que la stratégie est maintenue depuis cette déclaration. Si l’on regarde, les effectifs sont chaque année plus performants que les précédents et sont composés en effet de jeunes joueurs à forts potentiels encadrés par des joueurs d’expérience capable d’évoluer sous la pression marseillaise. Si la deuxième condition semble être remplie avec des joueurs d’expérience ayant réussit sous le maillot blanc comme Mbemba, Sanchez, Payet, Gigot, Veretout, ou Aubameyang et Kondogbia récemment, la première condition semble prendre plus de temps.
En effet les jeunes talents sont là, on pense notamment à des joueurs comme Kamara, Guendouzi, Balerdi, Harit, Under, Sarr, Vitinha ou encore Ndiaye, mais ces jeunes joueurs mettent du temps à confirmer les espoirs placés en eux. Et cela même si le talent est pour la plupart indéniable. Et quand ils confirment, les ventes ne sont pas aussi élevées qu’on est supposé l’espérer. Thauvin et Kamara partis libres, Under contre 8M€ et Guendouzi parti en prêt avec OA à hauteur de 11M€. Le retour sur investissent n’est pas celui attendu. Néanmoins, le développement des jeunes doit prendre le temps qu’il faut. Harit et Balerdi semblent être sur la bonne voie cette saison, la 3ème pour le premier, la 4ème pour le second. Vitinha, Sarr et Ndiaye ont tous des qualités et finiront, espérons-le par les exposer pleinement. Car la croissance du club passe inévitablement par l’explosion de ses jeunes talents qui auront un impact sur l’aspect économique.
Alors, l’OM est-il vraiment meilleur après ces 4 mercatos ?
Au bout de ces 4 inter-saisons, on peut aisément constater que l’effectif de 23/24 est en tout points supérieur à celui de 20/21. Il a gagné en expérience, le nombre de trophées cumulés par les joueurs de l’effectif le prouve en passant du simple au double : douze trophées en 2020/21 contre vingt-trois en 2023/24, comptant des trophées nationaux, européens et continentaux. Sans oublier que sur les douze trophées de 2020/21, deux correspondent à la coupe du monde 2018 de Mandanda et Thauvin qui n’avaient pas ou peu participé au tournoi. D’ailleurs le nombre d’internationaux double également passant de sept à quinze.
Autre point plutôt significatif de l’amélioration du niveau général, les joueurs recrutés viennent souvent de clubs plus huppé que l’OM, notamment Arsenal, l’Atlético, l’Inter, Porto, Chelsea ou City. Et son souvent transférés vers des clubs de même standing ou plus huppés : Juventus, la Lazio, l’Inter, Benfica ou encore l’Atalanta. Niveau performances, l’équipe s’est montrée plutôt régulière en étant bien classées lors des 3 dernières saisons en finissant 5ème, 2ème puis 3ème.
En terme de valorisation d’effectif là aussi, selon Transfermarkt, l’OM est passé de 215M€ en 2019/20 à 257M€ cette année. Une augmentation de valeur de près de 20%.
Analyse plus marquante encore lorsque que l’on compare la valorisation des 16-17 joueurs qui jouent plus de 30% de la saison : 187M€ en 2020/21, 237M€* en 2021/22, 231M€ en 2022/23 et 243M€ en 2023/24. Une progression de 30% entre l’arrivée de Longoria et aujourd’hui, avec une augmentation constante, année après année, de la valeur des 16-17 « titulaires ».
Pas si mal, compte tenu des dépenses réalisées sur la période, à savoir 263M€ sur 4 mercatos. Un dépense à laquelle il faut soustraire les ventes effectuées sur cette même période, c’est à dire 120M€. Ce qui fait une balance de 144M€, soit la dépense faite en 4 années par Longoria pour construire son OM valorisé donc à 257M€.
Pas si mal encore, compte tenu des départs de coachs intempestifs, des ajustements d’effectifs réalisées pour adapter l’équipe aux nouveaux coachs, et des divers échecs : éliminé des poules de Champion’s en 22/23, l’élimination surprise des tours préliminaire en 23/24. Sans cela la progression aurait sans doute été plus importante et plus rapide encore.
Pas si mal toujours, lorsque que l’on met en perspective l’obligation de combler le déficit.
*La valorisation d’effectif 21/22 est boosté par le prêt de Saliba, estimé à 30M€.
Economiquement, l’OM de Longoria ça donne quoi ?
D’ailleurs économiquement, à l’OM on en est où ? Si Pape Diouf avait su améliorer le sportif sous Gerets puis Deschamps, au point de décrocher le titre en 2010, le financier en avait subit les conséquences. L’onéreux recrutement (si bon fut-il) de Deschamps et les primes liées au titre de champion avaient plombées les finances du club. Ceci dit, Jean Claude Dassier y avait cependant bien contribué en cédant à tout les désidératas des joueurs concernant ces fameuses primes.
Néanmoins, il s’agirait de pouvoir reproduire ce genre de performances sans mettre à mal les comptes du club.
Economiquement quels sont les objectifs du club ? Il est de notoriété publique que la priorité numéro une du propriétaire Franck McCourt est d’équilibrer les comptes. Pour cela, il avait donné à Longoria 3 ans. Qu’en est-il donc à un an de l’échéance fatidique ?
Un déficit structurel
Depuis l’année 2010-2011, l’OM n’a connu que deux bilans positifs, au cours des saisons 2012-2013 (0€) et 2015-2016 (353 000€ de résultats net) l’année de la vente du club. Une année exceptionnelle car le club avait liquidé tout ses actifs afin d’effacer le déficit pour la vente. En dehors de ces deux exceptions, sur les 10 dernières années l’OM n’a connu que des déficits plus ou moins importants. Allant de -3M€ à -97M€ en 2019-20.


Quand Longoria devient président, le club vient donc de rendre un résultat négatif de -97M€, et fonctionne sur une structure qui aggrave elle-même son déficit année après année. Dès lors, on commence peut-être un peu mieux à comprendre la logique de prêts et de tentatives de « bons coups » sur les marchés des transferts du président. Même si McCourt à injecté à plusieurs reprises des liquidités, il était non seulement hors de question de les dilapider en transferts, mais il était surtout question de réussir à effacer le déficit de 97M€ en trois ans. Pas de trésorerie pour recruter et pas question de tabler sur un potentiel déficit en guise de marge de manoeuvre. Le message est clair : pendant trois ans au moins, c’est ceinture.
Les travaux de Pablo
Alors, trois année après sa prise de fonction, où en est le déficit de l’OM ? La mission confiée par Mc Court est-elle sur le bon chemin ? La première difficulté pour Longoria aura été de casser cette structure déficitaire, rompre avec cette dynamique dépensière. La seconde aura été de maintenir, du même temps, une équipe compétitive capable de finir sur le podium de ligue 1 et sortir des poules de CL.
Pour cela il met alors en place une politique de recrutement et de salaires stricte et maîtrisée. Exit les gros salaires, les longs contrats, et les achats onéreux. Place aux prêts de jeunes joueurs talentueux en manque de temps de jeu, aux recrutement à des coûts raisonnables (voir gratuit) et à l’étalement des remboursements par une minutieuse gestion de la trésorerie. Autre axe de travail, remplir le stade par la recherche constante d’une équipe joueuse et offensive. Car qui dit amélioration du niveau de l’équipe, dit amélioration du jeu (donc du spectacle), dit augmentation de la fréquentation du stade, dit augmentation de la vente de billets.
Une autre conséquence de disposer d’une équipe compétitive est l’amélioration des contrats de sponsoring, avec l’augmentation du contrat de l’équipementier et du sponsor maillot. En découle naturellement une meilleure exposition pour optimiser le marketing et en augmenter les ventes. Une importante refonte de la communication et de la qualité des réseaux sociaux vont également contribuer à soutenir le marketing.
Enfin, le dernier axe d’amélioration (et pas des moindres), sera l’augmentation des droits TV, par le biais de la CVC. Même si ce dernier axe, n’est pas directement de la responsabilité du club.
Si Longoria à récupéré un résultat net de -97M€ en 2020, il réussit par cette stratégie, année après année, à réduire ce déficit, présentant pour juin 21 un résultat de -76M€, -31M€ pour juin 22, et devrait normalement présenter un résultat 2023 à l’équilibre ce mois de juin (source : LFP-comptes individuels des clubs). C’est la raison pour laquelle quelques investissements ont pu être réalisé sur des joueurs pour cette saison 2023/24, et que Longoria clame que l’OM n’est pas en danger économiquement, et ce, même sans Champions League. Les comptes sont redevenus sains. Pour autant, si l’OM ne jouit pas encore de résultats bénéficiaires, le club peut néanmoins se réjouir de ne plus avoir de déficit. Longoria aura donc réussi le pari de combler le déficit du club en 3 ans tout en maintenant une équipe compétitive qui réussira sur cette même période à finir 5ème, 2ème, puis 3ème.
Ce que nous attendons de voir désormais, c’est ce que fera Longoria avec cette équipe, sans la pression du déficit à combler, avec des comptes sains, et qui sait, quelques généreux cadeaux de Franck McCourt ? C’est peut-être ce qu’il fallait à l’OM, une refonte en profondeur pour construire une structure pérenne et enfin entamer un cercle vertueux, qui permet d’entrevoir de belles perspectives futures.
Lire aussi :
Pourquoi l’OM de Longoria change-t-il autant chaque saison ? (Partie 1)
Pourquoi l’OM de Longoria change-t-il autant chaque saison ? (Partie 2)













