Auteur d’une excellente première mi-temps, un OM bipolaire a plié le match en menant 4-1 à la pause, et en dominant Lorient dans tous les compartiments de jeu pendant 45 minutes. Méconnaissables au retour des vestiaires, et subissant le pressing lorientais, les marseillais sont retombés dans leur travers en livrant une seconde mi-temps insipide hors de leur base. Cet OM réussit la performance d’être à la fois rassurant et inquiétant tout en gagnant 4-2.
La personnalité conquérante
Fort de trois succès de rang dont deux en Ligue 1, l’OM débarque en terre lorientaise le couteau entre les dents. De nouveau en 3-5-2 qui avait bien fonctionné face à Lyon il y quatre jours, et emmené par un Aubameyang retrouvé, Marseille impose immédiatement une haute intensité, et roule littéralement sur Lorient avec un jeu fluide, rapide et direct. 0-2 au bout de 9 minutes de jeu, puis 0-3 à la demi-heure. Lorient est sous l’eau. Ils parviennent pourtant à réduire la marque (1-3) avant que l’inévitable PEA plie définitivement le match, pour son deuxième but de la soirée (1-4). Ce système en 3-5-2 sied parfaitement à cet effectif. Les pistons apportent le surnombre, ce qui amène les marseillais à se retrouver jusqu’à 7 joueurs devant, lorsque Veretout et Ounahi rejoignent les offensives. Dans ce système les transmissions sont également plus rapides et spontanées. Les joueurs se trouvent facilement et ce schéma crée plus de mouvements sur les ailes avec les pistons et permets plus de liberté devant, aux deux attaquants. Dans ces dispositions, lorsque les attaquants sont décisifs, l’OM donne forcément le tournis à ses adversaires, se transforme en un vrai rouleau compresseur et devient létal.
La personnalité fragile
Pour autant, et en dépit de cette première mi-temps parfaite, les hommes de Gattuso vont revenir des vestiaires méconnaissables. Etonnamment les marseillais subissent immédiatement. Alors certes Lorient reviennent eux, avec de toutes autres ambitions, plus hauts sur le terrain, plus agressifs et exercent un gros pressing qui change évidemment le visage de cette confrontation. Néanmoins, on imagine que si les marseillais étaient revenus dans les mêmes dispositions qu’en première mi-temps, les Merlus auraient eu bien du mal à s’imposer dans le jeu comme ils l’ont fait. Toujours est-il que ces lorientais dominateurs réduisent rapidement la marque (52’) par Benjamin Mendy l’ancien marseillais (2-4), ce qui décuple la volonté, la détermination et les espoirs des bretons. Si le score n’évoluera plus, l’OM lui, n’avance plus, incapable de se sortir du pressing ou de mener la moindre contre-attaque ni même de conserver le ballon. Passif, inoffensif, fragile, cet OM bipolaire se fait peur et se sauve par deux fois sur sa ligne par Lodi puis Pau Lopez, avant que Clauss ne se fasse expulsé pour un pied haut. Les remplacements n’y changeront rien, Sarr se perdra aux avants postes, quand Murillo et Meïté aideront simplement à tenir la baraque. Seul Gueye au milieu de terrain aidera à améliorer la conservation du ballon et donner de l’air à ses coéquipiers. On comprend mieux maintenant pourquoi Gattuso continuait d’haranguer ses joueurs même à 0-3. La peur de voir ses joueurs retomber dans leur travers était déjà dans son esprit.

L’OM bipolaire, un trouble de la personnalité à soigner.
L’AEK Athènes, Strasbourg, Lorient, le trouble de la personnalité de l’OM s’est reproduit hier soir. Plus difficilement compréhensible encore que lors des confrontations précédentes, en seconde période l’OM s’effondre à l’extérieur. Au Moustoir, on aurait pu imaginer que la baisse de régime était dû à de la gestion, au vu des matchs qui se succèdent tous les 3 jours depuis 2 semaines et en perspective du match d’Europa League à Brighton jeudi prochain. Mais si ça avait été de la gestion, Gattuso aurait fait tourner l’effectif à la mi-temps, ou tout du moins, assez tôt en seconde période, ce qui ne fût pas le cas. De plus, l’OM aurait géré l’avantage en conservant une certain contrôle, et non subir sans rien maitriser pendant 45 minutes. Le même phénomène s’était produit à Strasbourg et à Athènes, on croyait alors à une crainte de perdre l’avantage, de perdre le match dû à crise de confiance dans laquelle était plongée l’équipe à l’époque. Seulement hier soir, non seulement l’équipe à depuis retrouvé la confiance, mais menait 4-1 à la pause. Ce qui aurait dû être une simple formalité fut une vraie souffrance.
D’ailleurs, la bipolarité de cette équipe s’exprime aussi dans la globalité de ses résultats. Invaincu à domicile cette saison, l’OM ne s’est imposé pour la première fois à l’extérieur qu’hier soir, à la quinzième journée. Les cages de Pau Lopez sont inviolables au Vélodrome (un seul but encaissé lors de la première journée) contre quinze sur terrains adverses. Aussi l’OM est performant en Europa League alors qu’il était en souffrance en Ligue 1, il y a encore deux semaines.
Alors d’où vient le problème ? Est-ce un problème physique ? La préparation de Marcelino en début de saison qui aurait été trop légère, pourrait-elle être une première partie d’explication ? Pas recevable puisque le phénomène se produit seulement loin du Vélodrome. Le problème pourrait alors bien être dans les têtes. Le début de saison raté des olympiens, le changement d’entraineur, les tensions avec les supporters au mois d’octobre et les mauvais résultats ont surement pesés dans l’inconscient des joueurs. Longtemps sans solutions devant les contres performances, les joueurs évoluaient avec la peur au ventre, ce qui expliquerait aussi les déchets techniques, le manque d’animation ou de détermination lors de nombreux matchs. Une peur si bien ancrée pendant ces 4 mois, qu’elle serait devenue un micro traumatisme, qui réapparaitrait lorsque les circonstances sont réunies, comme quand à l’exterieur l’adversaire presse fort par exemple. Ce fut d’ailleurs le cas lors des trois confrontations à Strasbourg, Athènes et Lorient.
Si les raisons de cet OM bipolaire sont mentales, nous pouvons surement compter – vu les progrès de l’équipe en terme de jeu et de confiance – sur Gattuso pour continuer à leur transmettre sa grinta, sa hargne et sa force afin de soigner ce dernier petit mal qui empêche l’OM d’être enfin le rouleau compresseur qu’il a montré hier soir, à l’extérieur comme à domicile, et ce, sur quatre-vingt dix minutes.













