Apres des mois d’errance, Iliman Ndiaye à enfin donner un aperçu, dimanche soir face à Montpellier, de ce dont il était capable. Un Iliman Ndiaye replacé pour la première fois à son poste, qui a marqué le match de son empreinte, mais aussi son premier but au Vélodrome. Un Vélodrome tout heureux de voir ce joueur, en qui plus personne ne croyait, se réveiller au meilleur des moments.
La terre promise
Accueilli comme une rock star à son arrivée cet été en provenance de Sheffield United, club de 2ème division anglaise, Iliman Ndiaye vivait un rêve éveillé en signant à l’OM. Amoureux du club où il a évolué au centre de formation des moins de douze ans, il a immédiatement incarné le rêve de gamins de milliers de marseillais en signant à l’OM cet été. Un joueur dans lequel se sont reconnu ces supporters venus lui réserver le même accueil qu’à Alexis Sanchez, un an auparavant. Un accueil triomphant injustifié selon une bonne frange de supporters marseillais, perplexes face à cet engouement inhabituel pour un joueur inconnu, qui plus est, de Championship.
Inconnu mais néanmoins pas tant que ça. Grand espoir de la sélection sénégalaise, meilleur joueur de Championship, un club vendeur pas tout à fait vendeur, des négociations difficiles, un transfert à dix sept millions d’euros. Bref, ce transfert réuni tous les ingrédients d’un transfert d’une pépite, promise par Longoria, et nous verrons ce que nous verrons.
Du rêve à la réalité
Seulement voilà, ce jeune joueur qui évoluait en toute sérénité et en confiance à Sheffield en deuxième division, s’est vu propulsé dans un club d’un autre standing, avec de grandes attentes et ou chaque mouvement est épié. L’accueil triomphant des supporters fut finalement pour lui une pression énorme supplémentaire à celle présente en temps normal pour tout joueurs de l’OM. Pas préparé à cette attente, cette pression et cette exposition médiatique, le joueur montra une grande fébrilité dès ces premiers pas. Brouillon et peu en confiance le sénégalais aura beaucoup de difficultés à trouver ses marques au sein de cet effectif. Cet effectif, d’ailleurs lui-même en difficulté après le changement de coach et de système de jeu. Le jeune Iliman est complètement perdu sur le terrain et commence à inquiéter les observateurs.
La traversée du désert
D’abord utilisé en milieu offensif gauche ou droit du 442 de Marcelino, puis en second attaquant, Ndiaye ne parviendra pas à retrouver le jeu et l’apport qu’il pouvait avoir en Angleterre. Bien que l’équipe tout entière n’arrivait pas à s’exprimer sous l’égide du coach espagnol, au fil des matchs l’ensemble des observateurs commençaient à se demander si la marche n’était pas trop haute pour lui, et si on ne se dirigeait pas plus vers le flop que la pépite espérée. La saison se poursuit et les évènements s’enchaînent. Tout d’abord les résultats décevants et le jeu passif de Marcelino provoquera une réunion tendue entre les supporters et la direction. Qui engendrera le départ du coach et de Ribalta. Viendra Gennaro Gattuso et son 433 pour remplacer Marcelino. Si l’équipe sera plus offensive et montrera plus de caractère, le jeu n’en sera pas franchement amélioré et les résultats non plus. De plus, Iliman Ndiaye se retrouve à jouer ailier, où il sera perdu comme il ne l’a jamais été. Sa présence sur le terrain était presque handicapante pour ses coéquipiers, au point d’entrevoir une vente au mercato d’hiver. Cette situation sera mal vécue par le joueur mentalement, moralement et physiquement, jusqu’à matérialiser ce mal-être par une pelade qui se déclenchera à l’arrière de son crâne.

Les bons mots et le bon poste
Mais l’évènement salvateur ne va plus tarder. Au mois de février, devant la déroute de l’équipe qui ne gagnera pas un seul match (face à une équipe professionnelle) en 2024, l’OM et Gattuso décident de se séparer. Ce sera de Jean-Louis Gasset, choisi pour une mission commando de 4 mois pour sauver la saison de l’OM, que viendra le salut de l’équipe et au passage celui d’Iliman Ndiaye. Le nouveau coach analysera parfaitement la situation, et jaugera tout aussi bien son nouveau vestiaire. Il saura insuffler les bons mots à l’ancien de Sheffield et réussira à lui redonner confiance : « Je leur ai dit que c’était des joueurs à potentiel. Ces derniers jours, il fallait d’abord parler avec les cadres pour les remonter et ensuite parler avec les jeunes joueurs, leur dire que ce sont des joueurs d’avenir, mais ici c’est dur. Il fallait leur faire comprendre qu’ils allaient y arriver, qu’il y avait eu une période de doute mais qu’ils allaient y arriver (…) Il y a du potentiel mais pour s’exprimer à Marseille, au Vélodrome, devant 60.000 spectateurs, ça ne vient pas comme ça. Il faut un déclic, un petit laps de temps car ça ne vient pas comme ça ». Autre cas de la fine gestion mentale de l’ancien sélectionneur de la Côte d’Ivoire, le joueur de 23 ans aurait appelé son coach samedi pour le prévenir de son retard à l’entrainement, pour des raisons personnelles. L’homme de 70 ans a alors dispensé le joueur de la séance du jour, avant de lui préciser : « Demain, tu seras titulaire et tu vas tout casser. » La prédiction est lunaire.
L’autre raison marquante du réveil du jeune Ndiaye est son repositionnement. Alors qu’il fut recruté pour jouer le second attaquant dans le 442 de Marcelino, poste qu’il occupait à Sheffield et qui lui a permis de se faire repérer, il n’avait pourtant quasiment jamais joué à ce poste. Et comme par hasard, l’une des rares fois où il est aligné à son poste dans les bonnes conditions, comme contre Montpellier, il est l’homme du match. Ce repositionnement est du pur bon sens. On se rappelle alors d’un des fameux basiques de Jean-Louis Gasset annoncés lors de sa prise de fonction, faire jouer les joueurs à leur poste.
Le premier but au Velodrome
Virevoltant, créant beaucoup de décalages et déstabilisant sans cesse la défense de Montpellier, par sa technique, sa vivacité et son centre de gravité bas, Iliman Ndiaye a livrer son premier match réussi sous le maillot olympien. À l’origine de la faute qui emmena le penalty du 3-0, il marquera surtout son premier but au Vélodrome. Un premier but qui lui procurera une vive émotion « J’ai presque oublié ma célébration. Mais non, j’étais trop content, j’avais les émotions. J‘ai toujours voulu marquer dans ce stade depuis que je suis petit. Et voilà, ça arrive aujourd’hui et j’espère que ce n’est pas le dernier. J’essayais de prendre les bonnes décisions avec le ballon, faire les bons choix pour mes coéquipiers, et voilà, sans m’enflammer, j’aimerais dire que j’ai fait l’un de mes meilleurs matchs à l’OM ». Un premier but dans le Vélodrome de nouveau acquis à sa cause et heureux de pouvoir enfin rugir pour celui qu’il considère comme le petit marseillais d’adoption qui réalise enfin son rêve.















